Le Mouachah et le style dit « andalou »
L’origine du Mouachah
Le mouachah, littéralement broder, ce qui relie dans un collier une perle à une autre, est un mot arabe qui désigne un poème à structure libre, en arabe ou en hébreu. Son origine date de la fin du VIII siècle (ou XI siècle selon les sources) en Andalousie musulmane, Al Andalus. Certains l’attribuent à Ziriab, d’autres au poète Muqaddam ibn Muafa al Qabri. Les mouachahat ont pour thème l’amour courtois ou le vin. Au cours de l’âge d’or de la civilisation arabe, jusqu’au XII ème siècle, cette forme poétique s’est développée jusqu’au Caire et Alep.
On parle d’un mouachah (ou muwashah) au singulier et des mouachahat (ou muwashahat) au pluriel.
Et qu’est-ce que la musique mouachah ?
Mais l’essor musical du mouachah au Moyen-Orient date des compositions du XIX siècle, avec notamment Omar al Batch en Syrie et Sayed Darwish en Egypte. Le mouachah en tant que forme musicale fait traditionnellement partie d’une Nouba au Maghreb, ou d’une Wasla en Syrie, ce sont des suites musicales avec chacune une structure très particulière. Pour plus de détail, suivez les liens. On retrouve aussi des mouachahat mis en musique contemporaine, qu’ils soient du Moyen-Orient ou d’Andalousie. Ce poème peut être mis en musique, et si l’on parle de la musique la danse n’est pas très loin, mais n’allons pas trop vite. Encore un aparté, le mouachah est aussi utilisé dans le Samaa, “chant” soufi. Dans ce cas il s’agit d’ivresse spirituelle et d’amour de Dieu. Revenons à notre mouachah profane chanté, en soliste ou avec un chœur. Lorsqu’il est mis en musique, la rythmique accentue chacun des mots prononcés. D’où une musicalité très particulière et une grande richesse des rythmes utilisés. Ce qui le rend très intéressant à danser ! Et c’est là que les confusions commencent pour le profane. En effet, LE mouachah le plus connu dans le monde arabe est Lamma Bada Yatathanna qui a pour particularité de ne comporter qu’un seul rythme en 10 temps, le samai (ou samai thaqil).
Ayuha alsaqi, mouachah andalou du XI siècle
Ya bahget el ruh composé par Sayed Darwish
Qum ya Nadim, composé par Omar al batch. C’est ici Sabah Fakhri, LE ténor du chant d’Alep qui l’interprète dans la pure tradition alépine.
Lama Bada Yatathana, composition attribuée au Cheikh Muḥammad Abd al Raḥīm al Maslub. Chant interprété par une des plus grande voix du monde arabe, Rachid Gholam.
Les confusions à éviter
Et la conclusion directe est d’interpréter chaque composition utilisant le rythme samai comme étant un mouachah….Horreur! Malheur! Prenons donc le temps d’explorer le rythme samai afin de supprimer toute ambiguïté. Le rythme samai est d’origine turque mais utilisé également dans la musique arabe. On peut le trouver dans de la musique charqi, notamment les magenceres de Dina, le classique, l’arabo-andalou et le Samai. Tiens un samai dans un Samai ?! Nouvelle digression, qu’est que le Samai (avec un “S” majuscule dans cet article pour le différencier du rythme)? C’est un genre musical apparu au XIV ou XV siècle dans l’empire ottoman. Il n’y a pas de chant (donc pas de mouachah), et sa structure est généralement composé de rythmes en 10 temps (le samai dont on parle au paragraphe ci-dessus, dit samai thaqil) et en 6 temps (le samai Darij qui est une sorte de valse rapide).
Démonstration du rythme samai
Le Samai kurd Tatyos
Le fameux Samai bayati Al Aryan
Une diversité géographique et historique du mouachah
Selon la personne à qui vous vous adressez, vous risquez de ne plus savoir sur quel pied danser ! En effet, le terme andalou ou arabo andalou n’a pas la même signification selon les pays et l’éducation. La Nouba maghrébine est ainsi peu connue au Moyen-Orient. Si la plupart des mouachahat ont été écrit au moyen-âge d’Al-Andalus, de nombreux poèmes ont également été produits aux XIX et XX siècle en Syrie, Egypte , et jusqu’à la Péninsule Arabique. Quand aux musiques, la majorité des Nouba sont supposées être proche de celles d’origines, avec des modifications locales, contrairement aux compositions du Moyen-Orient où la création musicale se renouvelle régulièrement pour accompagner mouachahat modernes et anciens. Le mouachah est appelé andalou en Syrie, depuis le milieu du XIX siècle car cette forme poétique est originaire d’Al Andalus, une nostalgie de l’âge d’or de la conquête arabe et de son rayonnement culturel, et peut-être aussi pour s’affirmer en opposition avec l’envahisseur Ottoman. Par extension, certains musiciens appellent les différentes pièces issues d’une Wasla, dont le Samai, musique andalouse…
Une diversité géographique et historique du mouachah
Selon la personne à qui vous vous adressez, vous risquez de ne plus savoir sur quel pied danser! En effet, le terme andalou ou arabo andalou n’a pas la même signification selon les pays et l’éducation. La Nouba maghrébine est ainsi peu connue au Moyen-Orient. Si la plupart des mouachahat ont été écrit au moyen-âge d’Al-Andalus, de nombreux poèmes ont également été produits aux XIX et XX siècle en Syrie, Egypte , et jusqu’à la Péninsule Arabique. Quand aux musiques, la majorité des Nouba sont supposées être proche de celles d’origine, avec des modifications locales, contrairement aux compositions du Moyen-Orient où la création musicale se renouvelle régulièrement pour accompagner mouachahat modernes et anciens. Le mouachah est appelé andalou en Syrie, depuis le milieu du XIX siècle car cette forme poétique est originaire d’Al Andalus, une nostalgie de l’âge d’or de la conquête arabe et de son rayonnement culturel, et peut-être aussi pour s’affirmer en opposition avec l’envahisseur Ottoman. Par extension, certains musiciens appellent les différentes pièces issues d’une Wasla, dont le Samai, musique andalouse…
Comment se danse le mouachah?
Et bien comme l’on veut, tant que c’est fait avec élégance. Il n’y a pas de règles car pas de tradition de danse de ce style. Si le chorégraphe Mahmoud Reda a crée son propre style, d’autres ont développé différemment ce nouveau genre de danse. Avec ou sans foulards dans les mains, en costume du moyen-âge ou en bedlah, au sol ou pas, à vous de voir…
Voici quelques exemples d’interprétation dansée sur un mouachah, créations ou traditions du Moyen-Orient.
Un mouachah interprété par Leila Mourad et « dansé » en foule
Naima Akef sur Lamma bada yatathana
Une autre version de la même chanson par une troupe syrienne (ou libanaise?)
Et des interprétations plus contemporaines
Bien sur Nesma Al Andalus, qui a développé un style unique
Et une interprétation personnelle ;-)
Quid de la transmission ?
Nous trouvons parfois des professeurs de danse orientale qui appellent danse mouachahat un Samai. Le Samai se danse (toutes les musiques peuvent se danser tant qu’elles ne sont pas religieuses) certainement avec élégance aussi car c’est une musique savante, mais ce n’est ni du moyen-âge, ni andalou, ni un poème.
Aller plus loin : formation, musique , livre & lien
Je n’aurai pu écrire cet article sans l’aide précieuse et la patience de nombreux musiciens dont Delchad Ahmad (violoniste virtuose syrien), et la richesse d’enseignement de Nesma Al Andalus ( chorégraphe et productrice de musique andalouse). J’ai publié cet article avant de suivre la formation dédiée au style Andalus, dans le programme AATEC de Nesma. Lors de cette formation ultra complète, j’ai eu l’immense plaisir d’approfondir 3 axes : la musicalité, le workshop est accompagné par des brillants musiciens / la rythmique, la musicologue Irene Shams introduit les nombreux rythmes complexes de ce style / la technique riche et approfondie de Nesma.
« La musique arabo-andalouse » du chercheur Christian Poché à propos de la musique issue de Al Andalus et essaimée au Maghreb.
Al Nasseem, produit par Nesma Al Andalus, musique composée pour la danse inspirée par les mouachahat, d’une grande richesse rythmique et mélodique
La danse orientale, une passion !
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Interview du modeste et fabuleux percussioniste Ahmed Henkesh. On découvre ici la transmission d’un patrimoine et d’une technique instrumentale du célèbre Khamis Henkesh à son fils Ahmed. Pour les passionné.e.s de musique ou de danse égyptienne, c’est aussi un voygae rue Mohamed Ali, la célèbre rue du Caire QG des artistes qui ont crée la renommée artistique du Caire.